Aujourd’hui, je vous invite à revivre mon road-trip de l’été 2023, direction la Roumanie et la Moldavie. À l’origine, je devais partir en Ukraine avec une BMW pour aller à la rencontre de minorités ethniques. Mais le conflit en cours a rendu ce projet impossible. J’ai donc redirigé mon aventure vers d’autres terres de l’Est. Malheureusement, ma BMW en a décidé autrement…


Une préparation chaotique
Après une longue série de réparations infructueuses sur la moto (que j’ai finalement vendue), je me suis résolu à restaurer, en dernière minute, mon vieux side-car soviétique de 1960. Au programme, je monte une boite de vitesse, un cylindre et une culasse d’une autre moto. J’en profite pour faire passer la cylindrée de 350 cc à 400 cc, le taux de compression de 6,8 à 11 et enfin d’installer un carburateur Dell Orto en faisant usiner une pipe d’admission. Je repeins le tout à la bombe et la main. J’en profite également pour tout repeindre à la main. Evidemment tout n’est pas fait correctement faute de temps et de place, mais l’ensemble est maintenant cohérent. Un jour peut-être, je reprendrai toute la partie esthétique. Sans aucun test préalable, je me lance sur la route le 20 juillet… et tombe en panne dès la Belgique. Un filtre à air tout neuf s’est révélé défectueux. Je le remplace par un filtre à thé. Le départ est donc repoussé.







Enfin sur la route
Le 4 août, je pars enfin, avec en tête l’idée folle de traverser la moitié de l’Europe pour rentrer tout juste à temps pour la reprise du travail. Le voyage, loin d’être une escapade paisible, s’annonce rapidement éprouvant.
Je traverse la Belgique d’une traite, sans m’arrêter, puis j’entre en Allemagne sous une pluie battante. Je roule sans relâche, regrettant de ne pas pouvoir profiter des vastes forêts de sapins qui défilent. Il me faudra trois jours pour traverser l’Allemagne, sous une météo digne d’un automne éternel.



La tempête tchèque
Mais les véritables difficultés commencent en République tchèque, en entrant dans le parc national de Šumava. Un violent orage éclate : éclairs, tonnerre, rafales de vent et pluie torrentielle… ma traversée devient une véritable épreuve.
Comme si cela ne suffisait pas, le câble d’embrayage casse dans un col. Sur une IZH, le remplacer signifie démonter le carter droit du moteur, une opération pas très agréable, surtout en pleine tempête. Réparation de fortune faite, j’atteins un camping où, exténué, je tente de monter ma tente sous les rafales. Entre le vent et la pluie, c’était plus du kite-surf que du camping.
Après cette épreuve, je reprends la route en direction de l’Autriche, où enfin, le soleil m’accueille.



En Hongrie, un changement de rythme
Je poursuis mon périple, mais je ralentis une fois la frontière hongroise franchie. Ce pays n’est pas comme les autres. Jusqu’ici, j’avais une sorte de boussole interne : je savais que, dans chaque ville ou village, en me dirigeant vers le centre, je trouverais forcément quelque chose à voir. En Hongrie, mes repères s’effacent. La signalisation change, les noms de lieux deviennent difficiles à lire, et les points d’intérêt ne sont plus évidents à repérer.
Je note aussi un élément important : l’état des routes. Les routes secondaires sont souvent en très mauvais état. Je dois ralentir à plusieurs reprises, non pas par prudence, mais simplement pour ne pas trop secouer la mécanique (et mon dos).
Budapest
Contre toute attente, la traversée du centre-ville de Budapest s’est faite sans encombre. Malgré la chaleur, la circulation dense et les pavés, mon vieux side-car soviétique s’est faufilé entre les tramways, les voitures et les touristes comme s’il connaissait la ville par cœur. Il a suscité au passage de nombreux regards curieux, sourires amusés et coups de klaxon amicaux.




Tatabánya et l’appel du Turul
Ce quatrième jour de voyage marque un tournant. Je prends le temps d’observer et de découvrir. Ma première halte se fait à Tatabánya. Depuis le pied d’une colline, je fais décoller mon drone pour filmer le Turul, un oiseau mythique symbole national hongrois. Dans la mythologie des Magyars, le Turul est le guide spirituel du peuple, symbole de puissance, de protection et de clairvoyance.
Pour la petite anecdote, Tatabánya est jumelée avec plusieurs villes du monde, dont Ijevsk, en Russie, la ville où mon side-car a été fabriqué. Une coïncidence ? Peut-être que le Turul a décidé de veiller sur moi pour le reste du voyage…
Après cette pause mystique, je reprends la route et traverse Budapest. Depuis ce jour, je clame haut et fort que mon side-car est idéalement conçu pour explorer les grandes villes. Maniable, robuste, et surtout, il attire la sympathie.




Une soirée inattendue
Je ne franchirai pas encore la frontière roumaine ce jour-là. Je m’arrête pour la nuit à Jászboldogháza, où je trouve un petit camping. Là, je suis accueilli par un groupe de passionnés de vieilles mécaniques, impressionnés par ma venue depuis la France au guidon d’une IZH de plus de 60 ans. « Il faut être fou pour tenter ça ! » m’a lancé l’un d’eux en riant. Peut-être. Mais ce sont justement ces rencontres qui donnent tout leur sens au voyage.
On passe une soirée inoubliable à discuter de tout et de rien. J’ai été surpris de voir à quel point ils connaissent les chansons d’Édith Piaf ou les films de Louis de Funès. En échange, j’ai découvert quelques tubes hongrois actuels, qui font désormais partie de ma bande-son de voyage.



À suivre…
Ce n’était que le début de l’aventure. Les routes roumaines, les rencontres inattendues, les galères mécaniques et les paysages à couper le souffle m’attendent encore.
Restez connectés car dans le prochain article, je vous emmène à travers la Bucovine à la rencontre d’un monde encore trop méconnu.
La suite est à découvrir en cliquant ici.
Sinon, le reportage vidéo est à redécouvrir ci dessous:



