Été 2023 #2 – Traverser la Bucovine roumaine

Si ce n’est pas encore fait, je vous recommande vivement de lire l’article précédent sur mon passage en Hongrie !

C’est là que tout commence : des routes hongroises à la frontière roumaine, en passant par une soirée mémorable…

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La Roumanie

Après cette soirée festive en Hongrie, je me réveille avec les classiques désagréments d’un lendemain de cuite. Il me reste environ 200 kilomètres avant d’atteindre la frontière roumaine. Pas le choix, il faut prendre la route, même au ralenti. Je roule sans m’arrêter, hormis une courte pause pour déjeuner. Mon objectif : arriver tôt en Roumanie pour plusieurs raisons. Je veux anticiper d’éventuels contrôles douaniers, retirer de la monnaie locale, et surtout acheter un câble de recharge pour mon iPhone – introuvable en Hongrie.

Dans l’après-midi, j’atteins Valea Lui Mihai, un petit village frontalier côté roumain. À ma surprise, le passage s’effectue sans le moindre contrôle. (Attention, l’inverse n’est pas vrai : les formalités sont bien présentes quand on sort de Roumanie pour rentrer en Hongrie.)

Je profite du calme du village pour faire quelques courses et me poser dans un café. Un habitant m’y confie qu’il n’y a « rien à faire ici », et qu’il faut s’enfoncer dans le pays pour vraiment découvrir la Roumanie. Il n’a pas tort.

Je fais aussi une rencontre inattendue : un motard français, surpris par mon antique side-car, tout comme je suis impressionné par la modernité de sa machine. Parti de Chamonix, il a traversé l’Italie, la Croatie, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce, la Turquie, puis la Bulgarie avant d’arriver ici. Un sacré tour d’Europe ! On échange nos anecdotes comme deux routards qui se reconnaissent dans la poussière de la route.

Avant de repartir, je reçois les félicitations d’un Roumain passionné d’IZH. Collectionneur, il en a restauré plusieurs, dont certaines ont même trouvé place dans des musées. Je reprends la route en direction de Satu Mare et fais une halte dans un camping à Carei, où je fais la connaissance d’un motard polonais. Une fois de plus, on me regarde comme un fou.

En route vers les Carpates

Le sixième jour, j’arrive enfin à mon premier point d’intérêt : Satu Mare. Malheureusement, le centre-ville est en travaux, ce qui limite ma visite. Je continue donc vers Baia Mare, mais les grandes routes commencent à m’ennuyer. Je décide alors de bifurquer vers une petite route, espérant longer la frontière ukrainienne.

C’est là que survient l’une de mes anecdotes préférées. Près de midi, je cherche une supérette pour acheter de quoi me faire un sandwich. Je tombe sur ce qui ressemble davantage au salon d’une maison transformé en petit commerce. Pas de sandwichs ? Pas grave. La vendeuse ouvre quelques sachets et improvise un rayon « traiteur » rien que pour moi.

On essaie de discuter, mais la conversation est limitée. Puis elle me propose un café, quelques fruits, et commence à me parler de sa fille, étudiant à l’université. Soudainement, elle me fait signe d’attendre avec ses mains et elle monte l’étage de sa maison. Depuis une fenêtre, j’entends crier : « Mamaaa, nu nu nu ! ». J’ai fini par comprendre qu’elle voulait sans doute me présenter sa fille et me voyait peut-être comme son potentiel futur beau-fils.

Je poursuis ma route vers le nord. Le relief devient de plus en plus montagneux et propice au vol de drone. Je m’arrête d’abord à chaque petite église orthodoxe, mais je finis par abandonner l’idée tant elles sont nombreuses. Ici, l’église est partout, même dans les villages les plus reculés. Il m’est arrivé d’en croiser trois dans un seul hameau.

La frontière Ukrainienne

En longeant la rivière Tisza, frontière naturelle entre la Roumanie et l’Ukraine, je profite d’un peu de fraîcheur malgré la canicule. À ma droite, la Roumanie ; à ma gauche, l’Ukraine, plus escarpée. Au loin, des églises aux toits dorés perchées sur les montagnes complètent ce tableau enchanteur.

Cette route m’amène jusqu’à Săpânța, où je découvre au milieu de nulle part une étonnante affluence touristique. La cause ? Un cimetière. Mais pas n’importe lequel : le Cimetière joyeux de Săpânța. Ici, les pierres tombales en bois racontent la vie des défunts avec humour, poésie ou ironie. Une curiosité aussi inattendue qu’émouvante. J’ai même eu la chance de rencontrer une petite famille roumaine francophone qui ont pris plaisirs à me traduire certaines tombes. 

La Bucovine sauvage

Après cette visite, la route devient sérieusement montagneuse. Mon side-car commence à peiner. Les 70 km/h des plaines laissent place à un laborieux 20 km/h, parfois moins. À un moment, je me retrouve carrément bloqué dans une montée trop raide.

J’atteins la frontière de la Bucovine, puis, sur un coup de tête, je quitte l’asphalte pour m’enfoncer sur des pistes de terre. Je prie pour que la pente reste raisonnable. Quelques kilomètres plus loin, je tombe sur un décor digne d’un film : une petite maison au cœur d’une vallée reculée, habitée par une famille de cinq personnes. Pas d’électricité, pas de route, pas de réseau. Ils vivent de leurs champs, de leur fromage, et ne vont en ville qu’à cheval ou à pied. Une vie rude, mais digne.

La nature est belle, mais l’isolement commence à me peser. Mon side-car est robuste, mais pas invincible. Et ici, s’il tombe en panne… il ne restera que les ours pour me tenir compagnie. Je décide de réduire mon allure pour éviter les risques, si bien que j’affiche un modeste 20 km/h sur les plaines.

Je finis par atteindre un village nommé Bobeica, aussi grand que dépourvu de routes goudronnées… mais doté d’une école primaire ! Une image qui rappelle ce que nos campagnes françaises ont perdu.

Une soirée à Cacica

Je termine ma journée à Cacica, dans un petit camping où le gérant est ravi de voir une « vieille machine » débarquer. Il m’offre un rabais et, très vite, les campeurs sortent de leur tente pour assister à mon arrivée. La soirée se termine en fête, avec une généreuse dégustation d’alcool artisanaux aux origines souvent floues mais toujours locales

Et la route continue

Après cette traversée inoubliable de la Roumanie, je mets désormais le cap sur la Moldavie.

Un pays méconnu, des paysages surprenants, et surtout… une expérience que je n’étais clairement pas prêt à vivre.

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Sinon, le reportage vidéo est à redécouvrir ci dessous.

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